La ville où il est né en 1879 (et où il est mort en 1931) lui inspire un ouvrage d'anticipation The Golden Book of Springfield , écrit entre 1904 et 1918 et publié en 1920, dans lequel il dresse le portait de la capitale de l'Illinois (rien à voir avec le Springfield de la série animée Les Simpson) en 2018.
Cette oeuvre est tout à la fois mystique et utopique. Dans l'ouvrage de nombreuses voix se font entendre (ce qui perturbe le rédacteur de la chronique qui suit). L'ouvrage n'a pas été traduit en français mais a été chroniqué et critiqué dans la revue L'Europe nouvelle, n° 19, 7 mai 1921.
Le critique semble donner une image sans doute imparfaite de Vachel Lindsay. La réédition américaine de 1999 précise ainsi que:
Vachel Lindsay (1879-1931) était le poète américain le plus intensément romantique de sa génération. Moins connu est le fait que Lindsay était aussi un critique radical de la suprématie blanche, de la cupidité, de la misère, de la brutalité, de la laideur et du vide inhérents à la culture capitaliste américaine.et de citer Charles Fourier, Edward Bellamy ou John Ruskin... A lire la recension de l'époque, on mesure l'écart entre deux visions de l'oeuvre.
Critique anonyme de 1921
The
Golden Book of Springfield (Le livre d'or de Springfield), par Vachel
Lindsay. New-York. The Macmillan Company, éd., 1920 (1).
M
Vachel Lindsay s'est fait connaître surtout comme l'auteur de vers
truculents destinés à être chantés et même criés par des gens
qui s'assemblent pour se procurer le plaisir de hurler de concert. Il
possède ce don verbal qui, en poésie, tient quelquefois lieu de
pensée et sensibilité. Seulement nous attendons d'un ouvrage en
prose mieux qu'une cascade de mots. M. Vachel Lindsay a écrit le
roman de ce que sera la ville de Springfield (Illinois) en l'année
2018. Roman sans intrigue et sans fiction, roman de visions confuses
et qu'on ne saurait raconter. Les anticipations de ce genre
comportent toute une partie conventionnelle dont on ne peut dire si
elle présente le moindre caractère de vraisemblance. Elle pourrait
brûler par l'intention mais l'imagination de M. Vachel Lindsay
manque de force et d'ampleur. Ce n'est pas faire œuvre de devin bien
original que de nous annoncer que, dans un siècle, il y aura un
gouvernement du monde, que les femmes formeront des régiments de
cavalerie et voteront avec assiduité, que, parmi leurs nouvelles
professions, elles compteront celle de médecin pour chiens et chats
et qu'on se battra en l'honneur des doctrines de Karl Marx comme
jadis, pour la plus grande gloire des religions. Ce qui est beaucoup
plus intéressant, c'est de trouver parmi ces prophéties des indices
de l'état d'esprit contemporain. La manière dont on imagine
l'avenir dépend des idées que l'on se forme sur le présent. Ainsi
M. Lindsay croit à l'institution future d'un gouvernement universel,
World government mais il estime que la Fédération américaine se
sera réservé le droit de demeurer indépendante de cet organe
politique, tout, en bénéficiant des avantages qui en résulteraient
et c'est là une attitude qui pourrait bien ne pas attendre un siècle
avant de se manifester. Si l'on nous prédit qu'en 2018 les nègres
ne seront pas encore considérés par les Américains comme des
créatures tout a fait humaines, nous aurons le sentiment que ce
point de vue sur les races est celui de 1920. Si l'on situe a
Singapour l'origine à venir d'un mouvement de fanatisme et de
militarisme qui menacera la démocratie mondiale et si l'on nous
dépeint les nations du prochain siècle comme fort occupées à se
tenir prêtes pour la guerre qu'un des membres du World Government
prémédite contre tous les autres, nous comprendrons quelle sorte
d'efficacité l'on attribue actuellement à la Société des Nations.
(1)
En lecture à « Shakespeare and Co », 8, rue Dupuytren.
Ce billet fait partie d'une série consacrée à l'année 2018 vue par les auteurs du passé (prophétie, anticipation, prospective). Pour retrouver tous les billets de cette série, cliquez ICI
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