Un intérêt plus nouveau s'attache aux productions d'un jeune peintre, M. Jacques de Lalaing, qui, par un étrange accident, semble réussir en France plus que dans son pays natal. Il étonne à ce point ses compatriotes qu'aucune part ne lui a été faite l'autre jour dans la distribution des récompenses. Son dernier tableau, le Chasseur primitif, n'est pas sans étrangeté. On y voit, dans un fouillis de broussailles, un de nos ancêtres préhistoriques nu et armé d'un arc gigantesque, il attend au passage les bêtes innocentes qu'il abattra d'un trait sûr. Auprès de lui, un groupe de collaborateurs, molosses énormes d'un aspect assez farouche. La pensée de l'auteur est de nous transporter dans un autre monde, et il y parvient en faisant appel au mystère. Peut-être trouvera-t-on que l'intention de M. de Lalaing ne s'exprime pas avec une clarté suffisante la lecture de ce tableau implique un débrouillement préalable, une étude devant laquelle les paresseux reculent volontiers. L'homme est trop mêlé à la nature, il n'apparaît pas au milieu des ronces entrelacées avec cette évidence qui appartient à la vie entourée de choses mortes. Ce défaut provient pour une large part de la monotonie de l'exécution et de l'emploi d'un pinceau trop assidu à caresser les formes. Pour des acteurs empruntés aux périodes primitives, le chasseur et ses chiens sont trop lisses et trop satinés. On cherche dans cette peinture des rudesses et des barbaries qui n'y sont pas. Ici, le langage ne correspond point à la pensée, mais il y a dans ce tableau, comme dans les œuvres précédentes de M. de Lalaing, une distinction d'attitude et de style, une tendance à l'agrandissement, qui sont la marque personnelle de cet esprit chercheur.
Paul Mantz, "L'art moderne à Anvers", in Le Temps, 17 août 1885.
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La collection ArchéoSF a réédité Une chasse préhistorique à l'époque magdalénienne de A. Portier (fiction préhistorique datant de 1937-1938).
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