Dans son « Carnet d'un Sauvage »,
le député et homme politique Henry Maret fait la critique de la
vitesse en se projetant dans le futur :
Carnet d'un sauvage
Dans un des manuels scolaires de l'an
2000, vous ne manquerez pas, si vous vivez encore, ce que je vous
souhaite de tout mon cœur, de lire les lignes suivantes :
« En ce temps-là une nouvelle
épidémie se répandit par le monde. On rappela la maladie de la
vitesse. Tout d'un coup les hommes étaient saisis comme d'un
vertige. On les voyait sans raison se dépêcher, se dépêcher. Les
uns montaient dans de grosses machines, qu'ils avaient inventées
pour les porter plus rapidement d'un point à un autre, où,
d'ailleurs, les trois quarts du temps ils n'avaient que faire. Les
autres, non contents de circuler sur la terre et les mers, et ayant
remarqué que les hirondelles traversaient l'air avec une surprenante
vélocité, s'étaient demandé pourquoi ils ne seraient pas aussi
habiles que les hirondelles, et ils s'étaient mis à voler dans
toutes les directions. »
« Jamais la rage de se casser les
reins n'avait atteint de pareilles proportions, car tous les jours on
enregistrait des morts tragiques. Les humains se culbutaient les uns
sur les autres avec la conviction que ce n'était pas la peine
d'avoir une vie, si ce n'était pour la perdre : et tandis que
certains d'entre eux étudiaient pour la prolonger, le grand nombre
ne cherchait qu'à la détruire. »
« Les ravages causés par cette
singulière épidémie dépassèrent de beaucoup ceux de la peste
noire et du choléra asiatique. Cette folie dura jusqu'à ce que, la
population diminuant considérablement, quelques philosophes mirent
au concours la question de savoir s'il était bien utile d'aller
aussi vite pour arriver à la fin de son existence, et si cela
constituait un véritable progrès. Ces philosophes commencèrent par
être conspués, et l'on en mit plusieurs en croix pour leur
apprendre à vivre. Après quoi on reconnut qu'ils ne parlaient point
sans raison.
Et l'humanité guérit. »
Henry Maret (1837-1917), « Carnet
d'un sauvage », in Le Journal n° 6583, 5 octobre 1910
On croirait lire le journal d'aujourd'hui!!! Quel visionnaire et là ce n'est plus de la SF.
RépondreSupprimerMais l'humanité guérira-t-elle de la folie de la vitesse?
SupprimerBien sûr, en prenant de l'âge, on marche moins vite.
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