Tombouctou a nourri l'imaginaire et on a même pu y voir l'avenir de la civilisation (comme dans la nouvelle Jazz-Band publiée en 1920). L'avenir de la ville malienne a même inspiré une vitrine de Noël d'un grand magasin parisien en 1923 imaginant Tombouctou en 2124 ! (lire la description de cette vitrine)
En guise de conclusion à son ouvrage Tombouctou la mystérieuse (1897), Félix Dubois se livre à une courte anticipation en forme de rêve fortement marqué par l'idéologie coloniale.
Dans le
lointain des temps futurs, je. vois Tombouctou ayant rejeté ses
haillons d'aujourd'hui et redresse sa taille courbée par les
malheurs. Alors le marigot en sable de Kabara aura été déblaye,
approfondi. Le Niger pourra apporter jusqu'à là ville des eaux plus
abondantes. On aura ménagé à celles-ci,par des travaux faciles, un
débouché dans le nord et l'est. Une fraîche ceinture entourera la
ville de toutes parts. Elle aura retrouve ses jardins, ses verdures,
ses palmiers d'autrefois. Striée d'avenues ombragées, elle sera une
plaisante et active cité cosmopolite, trait d'union entre le monde
blanc et le monde noir. Le Sahara aura été dompté. Une chaîne
d'acier lui aura été imposée dont les anneaux seront des rails.
Les locomotives électriques auront permis de réaliser le chemin de
fer transsaharien. Avec une vitesse de foudre les convois circuleront
entre Alger et Tombouctou, les flots de la Méditerranée seront unis
aux flots du Niger. Touaregs, Kountas, tous les nomades improductifs
auront été rejetés dans le désert stérile, leur patrie première.
Our' Oumaïra, l'endroit sinistre, aura disparu des mémoires. De
Kabara l'on entendra à Tombouctou des éclats de vie, les gais
sifflets des vapeurs venant apporter et chercher les produits
multiples.
Je rêve
aussi Tombouctou devenue un foyer de civilisation et de science
européennes, françaises. comme elle fut jadis un centre de culture
musulmane. De nouveau la réputation de ses savants s'étendra
jusqu'au lac Tchad, jusqu'au pays de Kong et à l'Atlantique.
J'arrive
a croire enfin qu'à ce moment l'on aura répare de douloureuses
injustices. Croit-on que rien n'évoque encore le souvenir de René
Caillié en cette ville qu'il raconta le premier à l'univers, non
plus qu'ailleurs dans le Soudan où il déploya tant de vaillance ?
Les monuments, les places et les grandes voies rappelleront également
les noms de Colbert, de Faidherbe, de Galliéni, d'Archinard, comme
ceux de Mungo-Park, de Laing, de Barth. Dans les écoles, on
enseignera l'histoire de tous les pionniers, et les maîtres diront
aux enfants « Honorez-les et pensez à eux avec
reconnaissance. »
Dans le
lointain des temps futurs, je vois Tombouctou apparaître superbe,
lettrée, riche, reine du Soudan, telle qu'elle se dessine dans le
lointain des temps passés, telle que son panorama en donne
l'illusion aux voyageurs des temps présents.
Félix
Dubois, Tombouctou la mystérieuse, Librairie E. Flammarion,
1897
A lire:
Dans la même veine, le docteur Carton imagine l'avenir de La Tunisie en l'an 2000 (1922).
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