Dix-neuvième épisode de notre exploration de Romans-Revue dirigée par l'Abbé Bethléem qui proposait au début du XXe siècle une lecture morale (rigoriste même) des parutions récentes (voir la présentation sur ArchéoSF).
Cette semaine, le mois de janvier 1910.
Le numéro de janvier 1910 ouvre propose la première partie d'un long article : la critique des collections de romans à bon marché. Modern-Bibliothèque (Librairie Arthème Fayard) ouvre le bal avec une présentation générale mais pas de mention de titres relevant de la conjecture romanesque.
On s'amuse à lire l'article sur les « annonces » (ce que nous appelons aujourd'hui les publicités) qui vicient les journaux plus enclins à être amènes avec les annonceurs qu'avec les créateurs et prêts à tout pour décrocher des contrats publicitaires.
On s'intéressera surtout au Post Scriptum de cet article signé Léon Jules:
On s'est étonné de me voir à différentes reprises condamner sévèrement les romans policiers, genre Sherlock Holmes. On m'a accusé d'étroitesse d'esprit, parce que j'avais mis en garde mes lecteurs contre les magazines dû se publient des histoires dé ce genre, Je sais tout et Les lectures pour tous en particulier. Je prie mes honorables critiques de lire ces quelques lignes extraites du Journal des Débats, numéro du 28 décembre 1909. Il s'agit de deux jeunes assassins de Jully, qui, sans raison aucune ont tué cinq personnes : un fermier, sa femme, deux domestiques et une bonne. Le Journal des Débats écrit:« Les renseignements recueillie dans le canton d'origine (ce sont deux suisses) de ces précoces malfaiteurs nous apprennent que ce sont de détestables lectures qui ont perverti et même aboli en eux tout sens moral.— Dure leçon pour notre amour propre national. Nous sommes très fiers de la « diffusion de l'instruction », dont notre démocratie se fait un saint devoir ; tous les Suisses savent lire ; mais hélas ! que lisent-ils ?« On peut, avec certitude (1: (1) C'est moi [Léon Jules] qui souligne.), accuser du carnage de Jully la littérature dite « criminelle » (dans la Suisse allemande On l'appelle : « littérature des bas-fonds»), c'est-à-dire ces histoires de vol; de violence et de meurtre, grossièrement enluminées d'images dignes du texte, qui s'étalent depuis quelques années à la devanture des kiosques, et puis, par le colportage, pénètrent jusque dans nos hameaux reculés. »Est-ce assez décisif ? Peut-être bien voudrait-on reconnaître que le correspondant du Journal des Débats est bien informé et d'esprit plus large que moi. Pourtant il aboutit il est forcé d'aboutir aux mêmes conclusions. Et nunc intelligite reges, erudimini qui judicatis terram. [«Et maintenant, rois, comprenez ; instruisez-vous, vous qui jugez la terre.» ]
La
section sur les pièces de théâtre (écrite par Maurice Gilbert)
présente Le Tour du monde d'une Orpheline ou Les
Bandits de Capetown, pièce en 5 actes et 12 tableaux, de MM.
Gabriel Timmory et Maurice Barson dans lequel on peut fabriquer
artificiellement des diamants:
Cinq actes et douze tableaux, pour La Tour du Monde d'une Orpheline : on ne peut guère faire le tour du monde à moins. Un bandit a volé la formule du diamant à son inventeur après l'avoir assassiné. Suzanne, la-fille de la victime, se met à sa poursuite, accompagnée de son fiancé, de Florette qui est la joie du voyage et de Coquillet, qui porte les bagages. .Les scènes pittoresques se succèdent ; on voit fabriquer le diamant, on entend crier les hyènes au Maroc, on assiste à un tremblement de terre à Messine, etc., etc.. Bref, on en a pour les yeux, pour les oreilles et pour l'argent.
« A
Travers les romans du mois » (par R. Varède) parle du nouveau
prix Goncourt En France signé par les frères Marius-Ary Leblond
mais ce n'est pas de la science-fiction contrairement à Force Ennemie de John-Antoine Nau (1903) ou Les Civilisés de Claude Farrère (1905).
De
même il est question d'un roman de Rosny, L'Affaire Derive, mais ce
n'est pas non plus de la SF.
Finalement
un numéro assez pauvre pour l'amateur d'anticipation ancienne mais le
dépouillement systématique présente parfois cet inconvénient...
A dimanche prochain!
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