De Raoul Ponchon, dans le domaine de la conjecture rationnelle, on connaît le poème "Animaux antédiluviens" révélé par Fabrice Mundzik dans Fouilles archéobibliographiques (Fragments) (éditions Bibliogs, 2015).
Il convient d'ajouter à ce texte, le poème "Un aérolithe" publié dans Le Journal en 1897. Il est cette fois sujet de communication interplanétaire de Mars vers la Terre (et ce n'est pas très élogieux pour les Terriens!)
J'allais
me promenant au sein de la campagne
Avecque
la compagne
Qui
règne sur mes jours. C'était au mois dernier,
Quand,
sans s'être annoncé, dans un fracas de foudre
Et
qui faillit me moudre,
Un
dur objet tomba sur le sol, près de moi.
Je
me remis pourtant et dis à la petite :
«
Ah ! mince de pépite ! » .,
Et
tandis que la chère appelait sa maman,
Que
cet objet était un simple aérolithe.
Il
me sembla strié de signes biscornus,
Tels
que jamais je n'eus
L'occasion
d'en voir, et, tracés, voulus, comma
Par
la dextre d'un homme.
Non,
ça ne pouvait être un effet du hasard,
Il
s'y trouvait trop d'art :
«
Par le diable cornu ! cela tient du prodige,
—
A ma mignonne, dis-je —
C'est
là, n'en doute pas, un rare document
Je
n'ai pas la prétention de m'y connaître,
Elle
est encore à naître.
Certes,
je ne saurais quoi veut dire ceci,
Mais
je sais, près d'ici,
Un
être chez lequel toute science habite,
Qui
sur d'obscurs papiers travaille jour et nuit,
Il
déchiffrera ça beaucoup mieux que personne.
Qui
sait si je n'ai pas une fortune en main ?
Je
pris donc à mon cou mes jambes, ma pyrite,
Chez
ce savant Odon, c'est-à-dire au café,
« Ô
toi, dont le gosier parle toutes les langues
Et
de qui le cerveau reverdit chaque mois,
Qu'est-ce
que ce chinois ? »
Il
prit l'aérolithe en ses mains exercées
Sortit
sa forte loupe et s'exclama d'abord :
«
— Ah ! par Dieu ! c'est trop fort ;
Sais-tu
bien ce que c'est que cette langue absconse t
— Eh non ! fut ma réponse;
Puisque
aussi bien, mon cher, je suis venu te voir
— Eh
bien, c'est une langue entre le concombrique
C'est
du cucurbitain : on décide ce jars
«
Par conséquent ceci nous vient, la chose est nette,
Et
voici ce que ça veut dire, mot pour mot...
Ah
! quel est le chameau ?... »
Et
le voilà parti d'un grand éclat de rire.
«
— Ce Marsien veut dire :
Hommes,
il ne faut pas que vous vous y trompiez
Vous
êtes tous des pieds.
Nous
nous voyons depuis des milliers d'années,
Et
pour nous dont le rire est un peu fatigué
Votre
monde est fort gai. »
Raoul
Ponchon, « Un Aérolithe », Le Journal, n° 1903,
13 décembre 1897.
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